"Quiero hablar de un viaje que he estado haciendo, un viaje más allá de todas las fronteras conocidas..." James Cowan: "El sueño del cartógrafo", Península, 1997.

viernes, 30 de diciembre de 2011

Créons une Europe des citoyens !

Par Ulrich Beck, sociologue et philosophe. Traduit de l’allemand par Valérie Bonfils (LE MONDE, 27/12/11):

L’Europe a déjà accompli une fois un miracle : celui d’avoir transformé des ennemis en voisins. Face à la crise de l’euro, la question cardinale se pose aujourd’hui différemment : comment l’Europe peut-elle, dans l’avalanche de risques d’un monde globalisé, garantir paix, liberté et sécurité à ses citoyens ? Pour cela, il ne faut rien moins qu’un second miracle : passer de l’Europe de la bureaucratie à une Europe des citoyens.

Il fut un temps où, après la restructuration de la dette grecque, chacun poussa un soupir de soulagement et se prit à espérer : l’Europe est vivante et peut-être même suffisamment forte et habile pour surmonter ses problèmes. Puis le premier ministre grec Georges Papandréou annonça qu’il voulait consulter son peuple sur une question qui engageait son destin. C’est alors qu’apparut une réalité cachée, l’envers du décor : celui qui, dans cette Europe si fière de sa démocratie, veut la pratiquer, devient une menace pour l’Europe ! Papandréou se vit contraint de renoncer à la démocratie.

Nous avions espéré avec Hölderlin que là “où est le péril, croît le salutaire aussi”. Force est de constater qu’une tout autre réalité se profile : là où est le salutaire, croît le risque aussi. En tout cas, une question angoissante vient se nicher furtivement : ce qui est censé sauver l’euro va-t-il abolir l’Europe démocratique ? L’Union européenne “sauvée” ne sera-t-elle plus l’Union européenne telle que nous la connaissons, mais un Empire européen dominé par l’Allemagne ? Cette crise sans fin va-t-elle accoucher d’un monstre politique ?

Il n’y a pas si longtemps, il était encore fréquent de médire de la cacophonie de l’Union européenne. Subitement, l’Europe a un numéro de téléphone. Il se trouve à Berlin. Angela Merkel en est l’actuelle propriétaire.

Hier, il semblait que la crise soulevait la vieille question de la finalité de l’Union européenne. L’Europe doit-elle devenir une grande nation, une confédération d’Etats, un Etat fédéral, une simple communauté économique, des Nations unies indépendantes, voire quelque chose d’historiquement nouveau, à savoir une Europe cosmopolitique, fondée sur un droit européen, et qui coordonne politiquement des Etats nationaux européanisés ? Tout cela ressemble soudain à un folklore issu de temps révolus.

“Quelle Europe voulons-nous ?” Cette question donne faussement à penser qu’après le sauvetage de l’euro, on pourrait encore avoir le choix. Il semble qu’il soit trop tard, au moins pour les Grecs, les Italiens et les Espagnols. Le gouvernement grec, celui qui doit exiger le plus de ses citoyens, est de fait placé sous tutelle et se trouve dos au mur face aux troubles que connaît le pays. On fait appel à des professionnels de la liquidation, comme Mario Monti ou Lucas Papadémos. Car les plans d’économies se sont révélés suicidaires pour les dirigeants des Etats endettés qui ont dû céder leur place. Ce fut tout d’abord le cas en Irlande et au Portugal, puis en Grèce, en Italie et en Espagne.

Ce n’est pas seulement la structure du pouvoir qui a durablement changé, mais c’est une nouvelle logique de pouvoir qui émerge. Voici à quoi ressemble la nouvelle “Europe de Merkel”(Der Spiegel du 31 octobre) : le pouvoir obéit à une logique d’empire, non pas militaire mais économique, qui établit une différence entre pays débiteurs et pays créanciers (c’est pourquoi, il est absurde de parler de “IVe R eich”). Son fondement idéologique est ce que j’aimerais appeler l’euronationalisme allemand, soit une version européenne du nationalisme du deutschemark.

C’est ainsi que la culture allemande de la stabilité est élevée au rang d’idée européenne dominante. La stabilisation du pouvoir hégémonique repose sur l’assentiment des pays européens indépendants. Comme Adenauer en son temps, certains croient que le modèle allemand exerce une force d’attraction magnétique sur les Européens. Il est plus réaliste de se demander sur quoi repose le pouvoir de sanction. Angela Merkel a décrété qu’une perte de souveraineté était le prix à payer pour un endettement démesuré.

Les pays qui n’ont pas adopté l’euro se sentent exclus des processus de décision qui déterminent le présent et l’avenir de l’Europe. Ils se voient rabaissés au rang de simples observateurs et n’ont plus voix au chapitre politique. La Grande-Bretagne, qui est entraînée vers une position insignifiante en Europe, en est l’exemple le plus évident.

Pourtant au sein des pays de la zone euro, le nouveau centre de pouvoir, secoué par la crise, connaît également une division dramatique, cette fois entre les pays qui sont ou seront bientôt sous perfusion du fonds de sauvetage et ceux qui financent celui-ci. Les premiers n’ont plus d’autre issue que de se plier aux exigences de l’euronationalisme allemand. Ainsi, l’Italie, sans doute l’un des pays les plus européens, est-elle menacée de ne plus jouer aucun rôle dans les choix décisifs de l’Europe d’aujourd’hui et de demain.

Le multilatéralisme devient ainsi unilatéralisme, l’égalité hégémonie, la souveraineté retrait de souveraineté, la reconnaissance de la dignité démocratique d’autres nations dépossession de cette reconnaissance. Même la France, qui a longtemps dominé l’Union européenne, doit à présent suivre les préconisations de Berlin parce qu’elle craint aussi pour son triple A.

Cet avenir, qui germe dans le laboratoire du sauvetage de l’euro, dont il est pour ainsi dire un effet secondaire intentionnel, ressemble effectivement, j’ose à peine le dire, à une variante européenne tardive de l’Union soviétique. L’économie planifiée centralisée ne consiste plus ici à élaborer des plans quinquennaux pour produire des biens et des services mais pour réduire la dette. Leur application est confiée à des “commissaires” qui, sur la base de “mécanismes de sanction” (Angela Merkel), sont habilités à tout mettre en oeuvre pour détruire les villages Potemkine de pays notoirement endettés. On connaît le destin de l’Union soviétique.

Pourquoi avons-nous à présent une Europe allemande malgré les mises en garde insistantes de Thomas Mann dans le passé ? L’Allemagne ne peut pas être allemande sans l’Europe. Déjà la réunification des deux Allemagnes n’a été possible que grâce à la pacification de l’Europe. Dans la crise de l’euro, ce qui est “allemand” et ce qui est “européen” (ou doit le devenir) est de nouveau également tissé d’une manière nouvelle. L’Allemagne est trop souveraine, trop puissante, trop européenne et impliquée dans l’économie mondiale pour pouvoir s’offrir le luxe de ne pas sauver l’euro. Un éléphant ne gagne pas la confiance en se faisant passer pour un pauvre moineau. Le chemin vers l’empire européen est donc de nouveau pavé de bonnes intentions européennes. Comme toujours, le mot “pouvoir”, tabou en Allemagne, est remplacé délibérément par “responsabilité”, le mot préféré des Allemands.
Angela Merkel décline la “responsabilité européenne” selon les maximes du pouvoir de l’euronationalisme allemand. Il s’agit donc de chercher des réponses allemandes à la crise européenne, et même, en fin de compte, de faire de la culture de la stabilité allemande la réponse passe-partout cette crise. Il en résulte un mélange d’engagement européen réel et de nationalisme authentique, d’engagement européen plus ou moins feint vis-à-vis de l’étranger mais aussi de nationalisme plus ou moins feint face au scepticisme croissant des Allemands à l’égard de l’Europe. Le pouvoir tente ainsi, de manière pragmatique, de concilier l’inconciliable, c’est-à-dire, dans un climat anti-européen en Allemagne, de sauver l’euro et l’Union européenne et de remporter des élections.

La chancelière procède à un partage national des valeurs européennes. A l’intérieur : la démocratie ; à l’extérieur : losers can’t be choosers (“Les perdants ne peuvent pas être ceux qui choisissent”). La formule magique de l’Allemagne d’après-guerre, la “politique de stabilité”, implique, pour les autres, de renoncer à nouveau à la liberté politique.

Dans un mélange, digne d’Angela Merkel, d’assez grande confusion, d’hypocrisie, de rigueur protestante et de calcul européen, le gouvernement Merkel, y compris l’Européen Schäuble, érige l’euronationalisme allemand en ligne directrice d’interventions politico-économiques dans les pays de la zone euro qui ont péché. Il ne s’agit rien moins que de civiliser un Sud trop dépensier, au nom de la “raison économique”, de “l’Europe” et de “l’économie mondiale”. Notre politique financière est d’autant plus allemande qu’elle est européenne : telle est la devise.

Toutefois, cette structure hégémonique ne pourrait-elle pas receler la possibilité de lever les blocages de l’Union européenne ? Je dis bien “pourrait”. En effet, comment gouverner cet énorme espace de 27 Etats membres s’il faut, avant chaque décision, convaincre 27 chefs de gouvernement, conseils des ministres et Parlements ? La réponse est contenue dans la question. Contrairement à l’Union européenne, l’empire européen est de facto une communauté à deux vitesses. Seule la zone euro (et non l’Union européenne) jouera à l’avenir un rôle avant-gardiste dans l’intégration européenne. Ne serait-ce pas là une chance alors qu’il est urgent d’imaginer de nouvelles institutions ?

Il est question depuis assez longtemps déjà d’un “gouvernement économique”. Ce qui se cache derrière cette notion doit être précisé, négocié et expérimenté. A plus ou moins court terme, les euro-obligations, très controversées, seront vraisemblablement mises en place. Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, plaide d’ores et déjà pour l’introduction d’un impôt sur les transactions financières auquel, au sein de l’Union européenne, la Grande-Bretagne opposerait assurément son veto.

Cependant, cette voie vers une Europe des apparatchiks, avec un Politburo à Bruxelles ou à Berlin, parachève la malformation congénitale de l’Europe et pousse à l’extrême le paradoxe d’une Europe qui existe bel et bien sans Européens. Plus encore, les citoyens des pays financeurs se sentent dépouillés et ceux des pays débiteurs mis sous tutelle. L’Europe devient l’ennemi. Au lieu d’avoir une Europe des citoyens, on assiste à un mouvement de colère des citoyens à son égard.

Le président américain John F. Kennedy a autrefois étonné le monde entier en proposant la création des Peace Corps. Pourquoi la nouvelle Européenne qu’est Angela Merkel ne pourrait-elle pas à son tour étonner le monde en soutenant la mise en oeuvre de l’idée suivante : la crise de l’euro n’est pas seulement une question d’économie ; il s’agit aussi d’engager par le bas l’européanisation de l’Europe ; il s’agit de diversité et d’autodétermination, d’un espace politique et culturel dans lequel les citoyens ne peuvent plus continuer à se sentir ennemis avec, d’un côté, les mis sous tutelle et, de l’autre, les dépouillés. Créons l’Europe des citoyens, maintenant !

La privatización de la guerra

Por Paul Laverty, guionista de la película Route Irish, dirigida por Ken Loach. Traducción de María Luisa Rodríguez Tapia (EL PAÍS, 27/12/11):

Todos conocemos en qué consiste el ritual del regreso del cuerpo de un soldado muerto en tierra extranjera: música solemne, bandera nacional, escoltas y saludos, recogidos con gran detalle en los medios de comunicación. Políticos y generales tienen palabras de consuelo para los apesadumbrados familiares, muchos de ellos tan jóvenes que con frecuencia tienen bebés en brazos.

Pero no fue eso lo que vivió Deely, la hermana de Robert, un exparacaidista que murió en una emboscada en Irak y cuyo cadáver fue llevado desde Kuwait al aeropuerto de Glasgow. El encargado de la funeraria explicó a Deely que en el avión habían llegado 10 cadáveres, dos de ellos imposibles de identificar. El ataúd de Robert parecía “una gran caja naranja”. No hubo ninguna fanfarria, ninguna bandera británica, ningún periodista, ninguna pregunta. Su muerte, que se sepa, no se incluyó en ninguna lista. La razón era muy sencilla: Robert había dejado de ser paracaidista y en el momento de morir era “contratista privado”. Algunos les llaman soldados de empresa o asesores de seguridad. Los iraquíes les llaman mercenarios.

La guerra está privatizándose poco a poco y de forma deliberada ante nuestras narices. La caja naranja que sirvió de ataúd a Robert nos lo demuestra, igual que las estadísticas. Patrick Cockburn, un respetado comentarista especializado en la situación de Irak, calcula que, en el apogeo de la ocupación, había alrededor de 160.000 contratistas privados en el país, muchos de los cuales, quizá hasta 50.000, eran personal de seguridad fuertemente armado. La guerra y la ocupación posterior habrían sido imposibles sin su contribución.

Gracias a Paul Bremer, el jefe designado por Estados Unidos para dirigir la Autoridad Provisional de la Coalición, todos esos contratistas gozaban de inmunidad ante las leyes iraquíes, en virtud de la Orden 17, que el Parlamento iraquí se vio obligado a aceptar (y que estuvo en vigor desde 2003 hasta principios de 2009).

A nadie le interesa contar cuántos civiles iraquíes han resultado muertos o heridos a manos de los contratistas privados, pero existen numerosas pruebas que indican que hubo abusos generalizados. La matanza de 17 civiles llevada a cabo por Blackwater en el centro de Bagdad fue el incidente más famoso, pero hubo muchos más de los que no se habló. Un veterano contratista me contó, con la condición de permanecer en el anonimato, que había hablado con un sudafricano que le dijo que matar a un iraquí era igual que “matar a un kaffir (el despectivo empleado en Sudáfrica para referirse a los negros)”. Otros contratistas de buena fe, orgullosos de su profesionalidad, me hablaron de la repugnancia que les inspiraba la violencia de “los vaqueros”. Si había un contratista involucrado en un incidente que hubiera causado revuelo, su empresa le sacaba a toda velocidad del país. La impunidad por decreto.

Mientras los contratistas de a pie se jugaban la vida y la integridad física en Route Irish, los directivos de esas mismas empresas ganaban fortunas. David Lesar, consejero delegado de Halliburton (el consejero delegado anterior había sido Dick Cheney), ganó algo menos de 43 millones de dólares en 2004. Gene Ray, de Titan, obtuvo más de 47 millones entre 2004 y 2005. J.P. London, de CACI, ingresó 22 millones. Y lo importante siempre son los detalles. Los contratistas privados cobraban al Ejército de Estados Unidos hasta 100 dólares por hacer la colada de un solo soldado. En un informe oficial fechado en enero de 2005, el investigador general especial para la Reconstrucción de Irak, Stuart Bowen, reveló que habían desaparecido más de 9.000 millones de dólares en casos de fraude y corrupción, y eso durante un periodo muy limitado de la Autoridad Provisional. También existió impunidad económica.

Como me dijo un contratista, “el lugar apestaba a dinero”. No es extraño que muchos soldados y miembros de las Fuerzas Especiales, mal remunerados, buscaran trabajo en esas empresas privadas, en las que veían una oportunidad única de forrarse.

Pero no solo se forraron de dinero.

Estamos ya acostumbrados a ver imágenes de carnicerías y matanzas allí. Estamos acostumbrados a historias de miles de millones desaparecidos, codicia empresarial, abusos, torturas y cárceles secretas. El detallado cálculo que hacía The Lancet de 654.965 muertos hasta junio de 2006 es casi imposible de concebir. Ahora parece todo convenientemente lejano, tanto en el tiempo como en el espacio. Según dicen, nos ha invadido el hartazgo de Irak.

Pero el allí está volviendo a casa, a Reino Unido y EE UU. Irak está en la mente de nuestros chicos.
Me asombró enterarme, por la organización Combat Stress, que se ocupa de soldados que sufren trastorno de estrés postraumático, que el TEPT tarda en manifestarse, por término medio, alrededor de 17 años. Están preparándose (igual que el Ejército de EE UU) para una enorme avalancha en los próximos años.

Norma, una amable enfermera a punto de jubilarse, que ha pasado años con antiguos soldados, fue quien abrió el camino a esta historia cuando me dijo que “muchos de estos hombres guardan luto por sus viejas identidades”. Un antiguo soldado me enseñó un cuadro que había pintado de sí mismo. “Solo quiero recuperar a mi viejo yo”, dijo.

La orden 17 se ha revocado en Irak, pero su espíritu sigue dominando: el hedor de la impunidad, las mentiras, el desprecio al derecho internacional, el boicot de los convenios de Ginebra, las cárceles secretas, la tortura, el asesinato, los cientos de miles de muertos. Cuando imagino a los autores intelectuales de todo lo mencionado, Bush, Blair y compañía, con Aznar detrás, cobrando todos esos millones después de sus discursos y sus cenas y sus fundaciones interconfesionales, no puedo dejar de pensar en las enfermeras en Faluya que asisten hoy a los partos de niños con dos cabezas y cuerpos deformes gracias a las bombas químicas arrojadas sobre la ciudad. El regalo que dejamos al futuro.
En un vergonzoso discurso dirigido a los soldados de Fort Bragg el 14 de diciembre de 2011, para conmemorar el fin de la ocupación militar estadounidense, Obama dijo a las tropas entusiasmadas que se iban “con la cabeza alta”. Con la mezcla habitual de sentimentalismo e hipocresía que tan bien se les da, lloraron a sus muertos e ignoraron la matanza de iraquíes. En un mundo decente, agacharían la cabeza abochornados, pedirían perdón por su brutalidad y empezarían a pagar compensaciones por los millones de vidas destruidas durante generaciones.

lunes, 3 de octubre de 2011

El triunfo de las ciudades. Cómo nuestra gran creación nos hace más ricos, más listos, más sostenibles, más sanos y más felices. Edward Glaeser.

Urbanofilia

SALVADOR GINER EL PAÍS 01/10/2011
Edward Glaeser realiza un canto a la ciudad en un docto y a la vez ágil tratado de urbanismo y urbanidad
No acabamos de decidirnos a favor ni en contra de la vida urbana. Desde el mismo momento de la invención de la ciudad sus moradores las han venerado, sin que faltaran quienes las aborrecían. Las maldiciones bíblicas contra Babilonia, la Gran Ramera, no son precisamente de ayer mismo. Poseemos en Europa una extraordinaria literatura sobre las ciudades, nunca libre del todo de esta inclinación a la desmesurada admiración o a la más abierta condena.
"Ayudemos a los pobres, no a las ciudades pobres", reza una de sus frecuentes expresiones de lapidaria sencillez

Fray Antonio de Guevara sabía bastante de esto cuando en 1539 dio a la imprenta su Menosprecio de corte y alabanza de aldea, sin decidirse demasiado ni por la una ni por la otra. En su siglo, el señor alcalde de Burdeos, Michel de Montaigne, amigo grande de la vida rural, nunca se distanció de la capital gascona ni dejó de sentir por París cariño y lealtad política. Las cosas se irían agriando, sin embargo, a medida que la ciudad se convertía en un pozo de vicios, o de tumulto revolucionario, como lo vio Thomas Hobbes en su poco leído Behemoth, nombre de un monstruo bíblico, dedicado a un Londres levantisco. (Aunque el otro monstruo, el Leviatán, ya abarcaba según él a toda la sociedad humana, campesinos inclusos). Para los buenos puritanos, la única ciudad buena era la Jerusalén prometida: las otras sólo acopiaban vicios. Tanta maldición culminaría con la idealización del campo y de la vida rural propia del mayor error romántico. A menudo se esconde bajo el llamado "descubrimiento de la naturaleza" desencadenado por el arte y en la filosofía por las ensoñaciones de Rousseau. A los románticos, tan amigos del desafuero, no se les ocurriría otra cosa que condenar las ciudades, sobre todo a medida que avanzaba el mundo industrial y el humo, el hollín y la miseria proletaria las invadía. Friedrich Engels pergeñó el clásico de la urbanofobia en su inmortal ensayo sobre Manchester, de 1844. Los bolcheviques, que no en vano hicieron la revolución con sus ideas, pensaron que en el mundo del comunismo del futuro deberían desaparecer las ciudades -por mor de eliminar la "contradicción entre la ciudad y el campo"- y ello explica que los primeros urbanistas soviéticos propusieran la desurbanización sistemática. No era idea descabellada: la Ciudad Lineal madrileña o las New Towns inglesas son hoy ecos de un esfuerzo parejo. Como los son hoy no pocos suburbios ajardinados, dependientes del automóvil, en incontables ciudades americanas, pero también europeas.

La ciencia social no ha sido nunca ajena a estas preocupaciones urbanas. A ella debemos algunas de las mejores reflexiones y propuestas. El ensayo de Fustel de Coulanges sobre la ciudad antigua, de 1864, una de las mayores reflexiones sobre la naturaleza de la ciudad, podría ser leído con provecho por más de un arquitecto o urbanista atolondrado, y no digamos La Metrópolis y la vida del espíritu de Georg Simmel, de 1903, o los escritos sobre la ciudad de Max Weber, junto a La ciudad en la historia, de 1961, posiblemente el mejor tratado sobre el asunto, que valió a su autor, Lewis Mumford, hombre de letras, la pertenencia a las asociaciones de arquitectos más selectas e incluso a los grandes premios de su arte.

Junto a esos clásicos sigue habiendo buenas razones para recomendar a nuestros planificadores un conocimiento somero de lo que aportó la Escuela de Chicago a la sociología urbana. De una crítica a aquel esfuerzo, fruto del progresismo norteamericano anterior a la II Guerra Mundial, se ha alimentado buena parte del pensamiento urbano posterior, con resultados desiguales. La lucha contra el peligro de la formación de guetos, la excesiva segregación por clases sociales o razas, los procesos de degeneración de barriadas enteras y la aparición de reductos para ricos en la ciudad capitalista moderna han encontrado mucha munición vía Chicago. (Algunos han querido criticar la célebre escuela aduciendo que olvida los "movimientos sociales urbanos", que es lo que presuntamente importa. Como si hubiera en el mundo moderno movimientos que no lo fueran. Cierto es, la guerrilla montaraz tuvo su momento -en Cuba por ejemplo- pero hoy, en todo el mundo musulmán, toda revuelta es urbana, por definición. Y los indignados, hoy también, han ocupado los núcleos emblemáticos de las ciudades españolas).

La lucha contra los males endémicos de la ciudad ha marcado por mucho tiempo una tendencia esencial en el mundo del urbanismo. Muchos pensaron que la solución era la intervención en la ordenación del territorio urbano, y así conseguían que actuaran las autoridades. Hoy la regulación, la zonificación, la calificación y recalificación están por doquier a la orden del día. Cuando aciertan, el resultado puede ser beneficioso para los moradores. Cuando no, los daños son difíciles de calcular. Las tendencias sociales -migraciones, huida de las ciudades de los grupos más dinámicos, la formación de núcleos favorables a la delincuencia- pueden ser bastante catastróficas.

Los fracasos han sido aleccionadores. Así, no hace mucho que los urbanistas han redescubierto las virtudes de la ciudad densa y castiza, la que otrora se quería ruralizar, esponjar, o dotar de grandes espacios, con avenidas imponentes, plazas más o menos "duras", parques inmensos, y vivienda asequible en grandes bloques de pisos rodeados de verdura. Esa idea ha gozado de buen predicamento entre arquitectos de la Europa meridional que han redescubierto los encantos y la calidad de vida de la ciudad mediterránea, de la "ciudad compacta". Ahora resulta que ni Génova, ni Atenas, ni Valencia están tan mal. Y ahora con El triunfo de la ciudad, del urbanólogo norteamericano Edward Glaeser, profesor de economía en Harvard, este redescubrimiento encuentra una curiosa síntesis, que quiere solucionar los problemas que plantea el exceso de planificación cuando derrota las tendencias espontáneas de la población, sin por ello caer (del todo) en una suerte de neoanarquismo urbano.

Su bestia negra son las políticas públicas urbanas que van contra aquellas corrientes más o menos inexorables. ¿Por qué salvar Detroit o Liverpool de su decadencia? ¿Por qué inyectar dinero y recursos contra lo inexorable? Cuando el huracán Katrina destruyó Nueva Orleans, ¿qué sentido tenía reconstruirla tal cual, gastando billones de dólares? ¿No era mejor subvencionar a las víctimas, generosamente, para que se marcharan a donde les pluguiera? Seguramente irían a engrosar otras ciudades, a dinamizarlas con savia nueva, piensa Glaeser.

Las ciudades, con sus centros urbanos -plagados de rascacielos en Toronto, México, Nueva York, Buenos Aires, Chicago- algo caóticos, vibrantes, intensos son la solución, y no el problema. Engendran calidad de vida de incontables ciudadanos. Las calles y barrios circundantes, también. ¿Por qué dispersar, suburbanizar? ¿Por qué no atraer talento, o promover políticas públicas para incrementar su vitalidad? La más importante -y en esto la faz progresista y claramente distanciada de todo anarquismo aparece en los argumentos de Glaeser- es la educación, las escuelas. Unas buenas escuelas primarias y secundarias en los centros urbanos atraen a clases profesionales jóvenes que buscan, ante todo, una escolarización decente para sus hijos. A su vez, el flujo de las clases medias profesionales y ambiciosas a la ciudad revitaliza los barrios en que se instalan y mejoran el transporte público, que es el que importa.

Este canto a la ciudad como tal -el título es el de El triunfo de la ciudad, no "de las ciudades" como reza el de la versión castellana- insiste en la importancia de potenciar la vida de sus gentes, no la de la ciudad misma. "Ayudemos a los pobres, no a las ciudades pobres", reza una de sus frecuentes expresiones de lapidaria sencillez. El encanto de este docto y a la vez ágil tratado de urbanismo es que también lo es de urbanidad. Vinculado por un lado con la actitud tradicional de la izquierda -y contra las fuerzas del egoísmo que no quieren para su barrio servicios molestos que es menester instalar en algún lugar- se mantiene fascinado por la tendencia de las gentes a hacer su vida y montar su hogar como les place y donde les place. Tal vez no haya resuelto esta imposible y vieja contradicción. Pero es imposible salir indiferente, ni llenos de estímulos, de una reivindicación tan feliz del modo urbano de convivir.

El triunfo de las ciudades. Cómo nuestra gran creación nos hace más ricos, más listos, más sostenibles, más sanos y más felices. Edward Glaeser. Traducción de F. Corriente Basús. Taurus. Madrid, 2011. 494 páginas. 22 euros.

domingo, 2 de octubre de 2011

Las mentiras de la crisis, de Manuel Castells en La Vanguardia

Fuente: La Vanguardia,  1 de octubre

OBSERVATORIO GLOBAL

Lo sabemos: vivimos una profunda crisis financiera provocada por la irresponsablidad de las instituciones financieras que quisieron irse de rositas, rescatadas por nuestros impuestos y con pingües ganancias para los bancos y primas millonarias para los banqueros. No es demagogia, son datos. También sabemos que cuando se cerró el grifo del crédito empezaron a caer pequeñas y medias empresas y a despedir trabajadores las grandes. Y que los gobiernos fueron tapando agujeros con dinero que no tenían, pidiendo prestado con tipos de interés cada vez más altos para regocijo de los mismos financieros.  Hasta que se les acabaron las reservas y peligró su capacidad de pagar las deudas.

Y así llegamos a la receta universal del mundo del dinero y el poder: cortar el gasto público en todos los servicios esenciales de la vida de la gente: salud, educación, cobertura social, seguro de paro y demás conquistas sociales consideradas insostenibles por quienes siguen cobrando sus sueldos y disfrutando de sus privilegios. Eso sí, hay que pagar a los acreedores, porque son bancos, franceses y alemanes en particular.

Es también sabido que Grecia no puede pagar sin una transferencia de fondos de otros países europeos, o sea, de su bolsillo y del mío. Y como hay resistencias con consecuencias electorales (desde el nacionalismo finlandés hasta el partido pirata berlinés) la opción es un impago parcial y una devaluación de la deuda griega mediante la salida de Grecia del euro. Pero resulta que la insolvencia pública y la crisis de liquidez bancaria también se dan en Irlanda, Portugal e Italia. Y, de forma aún parcialmente encubierta, en España. No es que todos los bancos sean insolventes, sino que son interdependientes y hay activos tóxicos (o sea, impagables) en muchos de ellos. No se fían unos de otros mientras nos piden que nos fiemos de ellos. Por eso se han reducido al mínimo los préstamos interbancarios. Los bancos transfieren fondos al BCE, que los hace llegar a sus destinatarios previo control de liquidez. Pero, dícese, no hay que preocuparse: la UE, o el BCE, o el FMI o el G-20 van a intervenir de forma coordinada y a restablecer la liquidez bancaria y la estabilidad financiera. Quienes así dicen saben que es mentira, que no hay capacidad política de coordinación ni capacidad financiera de intervención en un mercado global por el que circula 50 veces más capital del que los bancos centrales pudieran movilizar para contrarrestar los flujos especulativos. Ni siquiera están de acuerdo Francia y Alemania, ni Merkel con su coalición, ni la cúpula del BCE (recuerden la dimisión del número dos).

Y en cada país, autoridades políticas y reguladores financieros engañan al personal, ya sea por ignorancia, incompetencia o mentira. En España, Zapatero estuvo negando incluso la existencia de una crisis durante dos años, y cuando la tuvo que admitir, tanto él como su vicepresidenta económica periódicamente anuncian el repunte económico inminente, en contraste con la vivencia de los ciudadanos. Fernández Ordóñez, gobernador del Banco de España, ha acentuado la incertidumbre económica negando repetidamente la evidencia de la fragilidad del sistema financiero español (a veces presentado por Zapatero como el más solvente del mundo), contradiciendo incluso los diagnósticos benevolentes de las autoridades financieras europeas.

Cuando en julio constatamos que entre las nueve entidades financieras europeas que no superaron las pruebas de resistencia había cinco españolas, el arrogante gobernador rechazó la metodología del cálculo.

Siendo así que en realidad había otras tres entidades españolas (hoy con problemas) que tampoco las habrían superado si no hubiera sido porque se contabilizó como activos, sin ningún rigor, lo que esperaban obtener de su anunciada salida en bolsa. O sea: ocho de las doce entidades en peligro eran españolas. Y este mes se ha sabido que de los 16 bancos que la Autoridad Bancaria Europea declara en necesidad de ser recapitalizados, siete son españoles: ningún otro país tiene más de dos en la lista. De nuevo salió a la palestra el inefable gobernador, desdeñando la importancia de la advertencia. Y cuando las agencias de evaluación rebajan la cotización de la deuda pública española, las autoridades del país, con la ministra de Economía a la cabeza, la rechazan por injusta como si de una conspiración antiespañola se tratara. Siendo así que aunque la evaluación no reflejase la realidad, sus efectos negativos la hacen real. Tal vez piensen nuestros gobernantes (a algunos de los cuales veremos pronto en jugosos puestos de consultoría económica, pero a otros, como el gobernador, habrá que vivirlos peligrosamente) que mintiendo descaradamente tranquilizan a los mercados y reducen la ansiedad de los ciudadanos.

Alguien tendría que hacerles un cursillo de comunicación. Ni los mercados ni los ciudadanos se creen a los gobernantes. Nos han acostumbrado a que dicen lo que creen que debemos saber y no saber, porque en último término nos consideran ignorantes e irresponsables. En realidad, es esta mentira sistemática sobre la realidad de la crisis, el cómo y el porqué, lo que está ahondando la crisis de confianza entre las instituciones y las personas, sean inversores, consumidores, trabajadores o votantes. La ocultación de la verdad como forma de gobierno es una práctica generalizada en Europa y en el mundo. Nadie habla de la más que probable desintegración del euro ni explica el porqué ni el cómo se puede evitar. En esa niebla de incertidumbre, las palabras de un megalómano como Rastani tienen más credibilidad que las oblicuas declaraciones de gerifaltes emperifollados que luego explicarán que no fue culpa suya sino de otro país, del mercado, o de Casandras irresponsables. La irresponsabilidad es, en una situación de tanta gravedad como la que estamos viviendo, no hablar alto, claro, sin tecnicismos innecesarios, y plantear las opciones, sus costos, sus consecuencias, a quiénes perjudican y a quiénes benefician. Y dejar en último término que decidamos nosotros. Porque ahora vienen elecciones. Pero ¿serán el momento de la verdad? ¿O, como es habitual, el carrusel de las mentiras?

El nuevo “sistema-mundo”, de Ignacio Ramonet

Fuente: Le Monde diplomatique (Nº: 192 Octubre 2011)

Cuando se acaban de cumplir diez años desde los atentados del 11 de septiembre y tres años desde la quiebra del banco Lehman Brothers ¿cuáles son las características del nuevo “sistema-mundo”?

La norma actual son los seísmos. Seísmos climáticos, seísmos financieros y bursátiles, seísmos energéticos y alimentarios, seísmos comunicacionales y tecnológicos, seísmos sociales, seísmos geopolíticos como los que causan las insurrecciones de la “Primavera árabe”

Hay una falta de visibilidad general. Acontecimientos imprevistos irrumpen con fuerza sin que nadie, o casi nadie, los vea venir.

  1. Si gobernar es prever, vivimos una evidente crisis de gobernanza. Los dirigentes actuales no consiguen prever nada. La política se revela impotente. 
  2. El Estado que protegía a los ciudadanos ha dejado de existir. 
  3. Hay una crisis de la democracia representativa: “No nos representan”, dicen con razón los “indignados”. 
  4. La gente constata el derrumbe de la autoridad política y reclama que ésta vuelva a asumir su rol conductor de la sociedad por ser la única que dispone de la legitimidad democrática
  5. Se insiste en la necesidad de que el poder político le ponga coto al poder económico y financiero
  6. Otra constatación: una carencia de liderazgo político a escala internacional. Los líderes actuales no están a la altura de los desafios.

Los países ricos (América del Norte, Europa y Japón) padecen el mayor terremoto económico-financiero desde la crisis de 1929. Por primera vez, la Unión Europea ve amenazada su cohesión y su existencia. Y el riesgo de una gran recesión económica debilita el liderazgo internacional de Norteamérica, amenazado además por el surgimiento de nuevos polos de poderío (China, la India, Brasil) a escala internacional.

En un discurso reciente, el Presidente de Estados Unidos anunció que daba por terminadas “las guerras del 11 de septiembre”, o sea las de Irak, de Afganistán y contra el “terrorismo internacional” que marcaron militarmente esta década. Barack Obama recordó que “cinco millones de Americanos han vestido el uniforme en el curso de los últimos diez años”. A pesar de lo cual no resulta evidente que Washington haya salido vencedor de esos conflictos. Las “guerras del 11 de septiembre” le costaron al presupuesto estadounidense entre 1 billón (un millón de millones)  y 2,5 billones de dólares. Carga financiera astronómica que ha tenido repercusiones en el endeudamiento de Estados Unidos y, en consecuencia, en la degradación de su situación económica.

Esas guerras han resultado pírricas. En cierta medida, finalmente, Al Qaeda se ha comportado con Washington de igual modo que Reagan lo hizo con respecto a Moscú cuando, en los años 1980, le impuso a la URSS una extenuante carrera armamentística que acabó agotando al imperio soviético y provocando su implosión. El “desclasamiento estratégico” de Estados Unidos ha empezado.

En la diplomacia internacional, la década ha confirmado la emergencia de nuevos actores y de nuevos polos de poder sobre todo en Asia y en América Latina. El mundo se “desoccidentaliza” y es cada vez más multipolar. Destaca el rol de China que aparece, en principio, como la gran potencia en ciernes del siglo XXI. Aunque la estabilidad del Imperio del Medio no está garantizada pues coexisten en su seno el capitalismo más salvaje y el comunismo más autoritario. La tensión entre esas dos fuerzas causarà, tarde o temprano, una fractura. Pero, por el momento, mientras declina el poderío de Estados Unidos, el ascenso de China se confirma. Ya es la segunda potencia economica del mundo (por delante de Japón y Alemania). Además, por la parte importante de la deuda estadouninese que posee, Pekín tiene en sus manos el destino del dólar…

El grupo de Estados gigantes reunidos en el BRICS (Brasil, Rusia, la India, China y Sudáfrica) ya no obedece automáticamente a las consignas de las grandes potencias tradicionales occidentales (Estados Unidos, Reino Unido, Francia) aunque éstas se sigan autodesignando como “comunidad internacional”. Los BRICS lo han demostrado recientemente en las crisis de Libia y de Siria oponiéndose a las decisiones de las potencias de la OTAN y en el seno de la ONU.

Decimos que hay crisis cuando, en cualquier sector, algún mecanismo deja de pronto de funcionar, empieza a ceder y acaba por romperse. Esa ruptura impide que el conjunto de la maquinaria siga funcionando. Es lo que está ocurriendo en la economía desde que estalló la crisis de las sub-primes en 2007.

Las repercusiones sociales del cataclismo económico son de una brutalidad inédita: 23 millones de parados en la Unión Europea y más de 80 millones de pobres… Los jóvenes aparecen como las víctimas principales. Por eso, de Madrid a Tel Aviv, pasando por Santiago de Chile, Atenas y Londres, una ola de indignación levanta a la juventud del mundo.

Pero las clases medias también están asustadas porque el modelo neoliberal de crecimiento las abandona al borde del camino. En Israel, una parte de ellas se unió a los jóvenes para rechazar el integrismo ultraliberal del Gobierno de Benjamín Netanyahu.

El poder financiero (los “mercados”) se ha impuesto al poder político, y eso desconcierta a los ciudadanos. La democracia no funciona. Nadie entiende la inercia de los gobiernos frente a la crisis económica. La gente exige que la política asuma su función e intervenga para enderezar los entuertos. No resulta fácil; la velocidad de la economía es hoy la del relámpago, mientras que la velocidad de la política es la del caracol. Resulta cada vez más dificil conciliar tiempo económico y tiempo político. Y también crisis globales y gobiernos nacionales.

Los mercados financieros sobrerreaccionan ante cualquier información, mientras que los organismos financieros globales (FMI, OMC, Banco Mundial, etc.) son incapaces de determinar lo que va a ocurrir. Todo esto provoca, en los ciudadanos, frustración y angustia. La crisis global produce perdedores y ganadores. Los ganadores se encuentran, esencialmente, en Asia y en los países emergentes, que no tienen una visión tan pesimista de la situación como la de los europeos. También hay muchos ganadores en el interior mismo de los países occidentales cuyas sociedades se hallan fracturadas por las desigualdades entre ricos cada vez más ricos y pobres cada vez más pobres.

En realidad, no estamos soportando una crisis, sino un haz de crisis, una suma de crisis mezcladas tan intimamente unas con otras que no conseguimos distinguir entre causas y efectos. Porque los efectos de unas son las causas de otras, y asi hasta formar un verdadero sistema. O sea, nos enfrentamos a una crisis sistémica del mundo occidental que afecta a la tecnología, la economía, el comercio, la política, la democracia, la guerra, la geopolítica, el clima, el medio ambiente, la cultura, los valores, la familia, la educación, la juventud, etc.

Vivimos un tiempo de “rupturas estratégicas” cuyo significado no comprendemos. Hoy, Internet es el vector de la mayoría de los cambios. Casi todas las crisis recientes tienen alguna relación con las nuevas tecnologías de la comunicación y de la información. Los mercados financieros, por ejemplo, no serían tan poderosos si las órdenes de compra y venta no circulasen a la velocidad de la luz por las autopistas de la comunicación que Internet ha puesto a su disposición. Más que una tecnología, Internet es pues un actor de las crisis. Basta con recordar el rol de WikiLeaks, Facebook, Twitter en las recientes revoluciones democráticas en el mundo árabe.

Desde el punto de vista antropológico, estas crisis se están traduciendo por un aumento del miedo y del resentimiento. La gente vive en estado de ansiedad y de incertidumbre. Vuelven los grandes pánicos ante amenazas indeterminadas como pueden ser la pérdida del empleo, los choques tecnológicos, las biotecnologías, las catástrofes naturales, la inseguridad generalizada… Todo ello constituye un desafio para las democracias. Porque ese terror se transforma a veces en odio y en repudio. En varios países europeos, ese odio se dirige hoy contra el extranjero, el inmigrante, el diferente. Está subiendo el rechazo hacia todos los “otros” (musulmanes, gitanos, subsaharianos, “sin papeles”, etc.) y crecen los partidos xenófobos.

Otra grave preocupación planetaria: la crisis climática. La conciencia del peligro que representa el calentamiento general se ha extendido. Los problemas ligados al medio ambiente se están volviendo altamente estratégicos. La próxima Cumbre mundial del clima, que tendrà lugar en Rio de Janeiro en 2012, constatarà que el número de grandes catástrofes naturales ha aumentado así como su carácter espectacular. El reciente accidente nuclear de Fukushima ha aterrorizado al mundo. Varios gobiernos ya han dado marcha atrás en materia de energía nuclear y apuestan ahora –en un contexto marcado por el fin próximo del petróleo– por las energías renovables.

El curso de la globalización parece como suspendido. Se habla cada vez más de desglobalización, de descrecimientoEl péndulo había ido demasiado lejos en la dirección neoliberal y ahora prodría ir en la dirección contraria. Ya no es tabú hablar de proteccionismo para limitar los excesos del libre comercio, y poner fin a las deslocalizaciones y a la desindustrialización de los Estados desarrollados. Ha llegado la hora de reinventar la política y de reencantar el mundo.

sábado, 14 de mayo de 2011

Un mundo a la intemperie,


Todavía colea en la cartelera Inside job, el más pavoroso relato de terror de los últimos años. Exhibido en contadas salas, el documental revela los delirios y desmanes financieros que hace tres años abrieron la sima en que nos despeñamos. Los principales responsables fueron, no cabe duda, un nutrido puñado de bancos, tinglados crediticios y agencias de evaluación a cuyo lado las arterías de mafias y camorras semejan juegos de niños. Pero también, en modos y grados diversos, buen número de organismos internacionales y estados; de entidades regionales y locales; de medios de comunicación y centros de instrucción, amén de millones de súbditos embaucados no sólo por las artimañas de los delincuentes de traje y corbata, sino por sus propios ensueños de posesión sin freno.

Desazonado en la sala a oscuras, el espectador reconoce ciertos signos de la histórica mutación que, a guisa de opaca salmodia, la opinión publicada suele llamar crisis. Como si se tratase de un brete del que Europa y Occidente saldrán renovados e intactos, tarde o temprano; y como si su índole fuese económica en sustancia, y por tanto curable gracias a los abracadabras y misterios que los oficiantes de la pertinente disciplina custodian. Y se rebulle en la butaca según comprende que esta no es una coyuntura fugaz, sino una metamorfosis que parirá un mundo muy diferente al que vive.

Además de los que expone el documental, los síntomas son palpables. El efímero Estado de bienestar está quebrando a ojos vista, desmantelado por los mismos poderes fácticos a los que ha regalado trozos ingentes del público erario. La constelación neocon, inductora principal de la debacle, pervierte el legado del liberalismo y corroe con su cínico vitriolo el ideal de la democracia y su praxis. Las laboriosas conquistas del movimiento obrero y la sociedad civil son inmoladas en el ara del dios Progreso y sus santos Mercados: inequívocos perpetradores del latrocinio erigidos en sus acreedores implacables. La genuflexa socialdemocracia se debate por respirar al tiempo que, huérfana de idearios y utopías, ejecuta las órdenes de los que mandan a costa de los ciudadanos. El proyecto de Unión Europea – un crucero botado tras 1945 con sangre, lágrimas y sudor-hace aguas mientras los nacionalismos grandes y chicos campan por sus fueros, la periferia del continente se arruina y el imperio global lo deserta en favor del capitalismo autoritario de Extremo Oriente y los Brics, cuya amenaza pende incluso sobre EE.UU. Las tradicionales estructuras de acogida que antaño encauzaban la socialización – educación y ciudad, familia y afectividad, religión y culto- llevan décadas deteriorándose sin que ninguna otra instancia, a excepción del ciberentorno y los medios clásicos, se encarguen de recoger su testigo. Y, entre tanto, sujetos y colectivos asisten a la colosal muda entre perplejos y amedrentados, más inermes aún cuanto más se confían a la espectacular pasividad que fomentan los ídolos del tiempo, sean balompédicos, consumistas o identitarios.

Son sólo algunos relevantes rasgos de la alteración en curso, elegidos adrede entre otros con los que integran un encaje alarmante: el “mundo dado por garantizado” está viniéndose abajo a ritmo vivo, y con él el haz de hábitos, implícitos y referencias que hacen viable la relativamente armónica convivencia. Lo que hoy se halla en trance de extinción es la variopinta herencia que las generaciones se transmiten, ese acervo de creencias e ideas, instituciones y procederes que permiten construir – crítica y heterodoxia incluidas-una sociedad no sólo hospitalaria para sus miembros, sino para los que habrán de serlo mañana.

La humana existencia es y será siempre problemática e imprevisible, de ahí que la pérdida de derechos y garantías que por doquier se percibe conlleve la de una frágil y preciosa salvaguarda. Sin ella tiende a envilecerse el vivir, recíproca depredación que el romántico Géricault pintó con negra maestría en el cuadro La balsa de la Medusa.Como en esa chalupa de pesadilla, el naufragio en ciernes amaga cobrarse innúmeras víctimas y condenar a los resistentes a disputar y bregar sobre exiguas balsas, no sólo arrostrando la procelosa deriva en mar abierto, sino el extravío de los vínculos éticos, políticos y educativos que deberían orientar el bogar de todos. ¿Estará en nuestra mano, empero, rehacer la responsabilidad, confianza y lealtad que fundan toda convivencia cuando la galerna remita? ¿Legaremos un habitable porvenir a nuestros herederos, o apenas el aquelarre de lobos que Hobbes temió en su dictum famoso?

Un mundo que se soñaba próspero y a salvo se descubre de buenas a primeras a la intemperie, cada vez más ayuno de razonables garantías y derechos, y expuesto al acoso de hienas y demagogos, especuladores y chacales. Y se sorprende, ante todo, huérfano de las cartografías que la educación procuraba cuando no era aún adoctrinamiento crudo, y estafado por un complejo de dominio que está trocando la democracia en parodia, la naturaleza en vertedero, la ciudadanía en público y, en suma, su expoliadora voracidad en religión profana. En el instante de rematar estas líneas, la muerte de Bin Laden trasciende a los noticiarios, liquidado sin juicio ni garantías en un sombrío augurio de tiempos peores.

ALBERT CHILLÓN ,profesor titular de la Universitat Autònoma de Barcelona y escritor LLUÍS DUCH, antropólogo y monje de Montserrat.

Fuente: LA VANGUARDIA, 12 de mayo de 2011

martes, 5 de abril de 2011

Islandia enjaula a sus banqueros


Los islandeses piden responsabilidades por la crisis económica

Los islandeses piden responsabilidades por la crisis económica


Ciudadanos islandeses se manifiestan  por la crisis

    Ciudadanos islandeses se manifiestan por la crisis


    La primera víctima de la crisis financiera hace un valiente intento de pedir responsabilidades

    CLAUDI PÉREZ
    EL PAÍS 03/04/2011
    Se busca. Hombre, 48 años, 1,80 metros, 114 kilos. Calvo, ojos azules. La Interpol acompaña esa descripción de una foto en la que aparece un tipo bien afeitado embutido en uno de esos trajes oscuros de 2.000 euros y tocado con un impecable nudo de corbata. Se ve a la legua que se trata de un banquero: este no es uno de esos carteles del salvaje Oeste. La delincuencia ha cambiado mucho con la globalización financiera. Y sin embargo, esta historia tiene ribetes de western de Sam Peckinpah ambientado en el Ártico. Esto es Islandia, el lugar donde los bancos quiebran y sus directivos pueden ir a la cárcel sin que el cielo se desplome sobre nuestras cabezas; la isla donde apenas medio millar de personas armadas con peligrosas cacerolas pueden derrocar un Gobierno. Esto es Islandia, el pedazo de hielo y roca volcánica que un día fue el país más feliz del mundo (así, como suena) y donde ahora los taxistas lanzan las mismas miradas furibundas que en todas partes cuando se les pregunta si están más cabreados con los banqueros o con los políticos. En fin, Esto es Islandia: paraíso sobrenatural, reza el cartel que se divisa desde el avión, antes incluso de desembarcar.
    El presidente de uno de los grandes bancos ha sido detenido en Londres
    El país fue saqueado por no más de 30 banqueros, políticos y empresarios
    La codicia, la barra libre de crédito y los excesos hundieron el país
    El tipo de la foto se llama Sigurdur Einarsson. Era el presidente ejecutivo de uno de los grandes bancos de Islandia y el más temerario de todos ellos, Kaupthing (literalmente, "la plaza del mercado"; los islandeses tienen un extraño sentido del humor, además de una lengua milenaria e impenetrable). Einarsson ya no está en la lista de la Interpol. Fue detenido hace unos días en su mansión de Londres. Y es uno de los protagonistas del libro más leído de Islandia: nueve volúmenes y 2.400 páginas para una especie de saga delirante sobre los desmanes que puede llegar a perpetrar la industria financiera cuando está totalmente fuera de control.
    Nueve volúmenes: prácticamente unos episodios nacionales en los que se demuestra que nada de eso fue un accidente. Islandia fue saqueada por no más de 20 o 30 personas. Una docena de banqueros, unos pocos empresarios y un puñado de políticos formaron un grupo salvaje que llevó al país entero a la ruina: 10 de los 63 parlamentarios islandeses, incluidos los dos líderes del partido que ha gobernado casi ininterrumpidamente desde 1944, tenían concedidos préstamos personales por un valor de casi 10 millones de euros por cabeza. Está por demostrar que eso sea delito (aunque parece que parte de ese dinero servía para comprar acciones de los propios bancos: para hinchar las cotizaciones), pero al menos es un escándalo mayúsculo.


    Islandia es una excepción, una singularidad; una rareza. Y no solo por dejar quebrar sus bancos y perseguir a sus banqueros. La isla es un paisaje lunar con apenas 320.000 habitantes a medio camino entre Europa, EE UU y el círculo polar, con un clima y una geografía extremos, con una de las tradiciones democráticas más antiguas de Europa y, fin de los tópicos, con una gente de indomable carácter y una forma de ser y hacer de lo más peculiar. Un lugar donde uno de esos taxistas furibundos, tras dejar atrás la capital, Reikiavik, se adentra en una lengua de tierra rodeada de agua y deja al periodista al pie de la distinguida residencia presidencial, con el mismísimo presidente esperando en el quicio de la puerta: cualquiera puede acercarse sin problemas, no hay medidas de seguridad ni un solo policía. Solo el detalle exótico de una enorme piel de oso polar en lo alto de una escalera saca del pasmo a quien en su primera entrevista con un presidente de un país se topa con un mandatario, Ólagur Grímsson, que considera "una locura" que sus conciudadanos "tengan que pagar la factura de su banca sin que se les consulte".


    Y del presidente al ciudadano de a pie: de la anécdota a la categoría. Arnar Arinbjarnarsson es capaz de resumir el apocalipsis de Islandia con estupefaciente impavidez, frente a un humeante capuchino en el céntrico Café París, a dos pasos del Althing, el Parlamento. Arnar tiene 33 años y estudió ingeniería en la universidad, pero, al acabar, ni siquiera se le pasó por la cabeza diseñar puentes: uno de los bancos le contrató, pese a carecer de formación financiera. "La banca estaba experimentando un crecimiento explosivo, y para un ingeniero es relativamente sencillo aprender matemática financiera, sobre todo si el sueldo es estratosférico", alega.


    Islandia venía de ser el país más pobre de Europa a principios del siglo XX. En los años ochenta, el Gobierno privatizó la pesca: la dividió en cuotas e hizo millonarios a unos cuantos pescadores. A partir de ahí, bajo el influjo de Ronald Reagan y Margaret Thatcher, el país se convirtió en la quintaesencia del modelo liberal, con una política económica de bajos impuestos, privatizaciones, desregulaciones y demás: la sombra de Milton Friedman, que viajó durante esa época a Reikiavik, es alargada. Aquello funcionó. La renta per cápita se situó entre las más altas del mundo, el paro se estabilizó en el 1% y el país invirtió en energía verde, plantas de aluminio y tecnología. El culmen llegó con el nuevo siglo: el Estado privatizó la banca y los banqueros iniciaron una carrera desaforada por la expansión dentro y fuera del país, ayudados por las manos libres que les dejaba la falta de regulación y por unos tipos de interés en torno al 15% que atraían los ahorros de los dentistas austriacos, los jubilados alemanes y los comerciantes holandeses. Una economía sana, asentada sobre sólidas bases, se convirtió en una mesa de black jack. Ni siquiera faltó una campaña nacionalista a favor de la supremacía racial de la casta empresarial, lo que tal vez demuestra lo peligroso que es meter en la cabeza de la gente ese tipo de memeces, ya sea "las casas nunca bajan de precio" o "los islandeses controlan mejor el riesgo por su pasado vikingo".


    La fiesta se desbocó: los activos de los bancos llegaron a multiplicar por 12 el PIB. Solo Irlanda, otro ejemplo de modelo liberal, se acerca a esas cifras. Hasta que de la noche a la mañana -con el colapso de Lehman Brothers y el petardazo financiero mundial- todo se desmoronó, en lo que ha sido "el shock más brutal y fulminante de la crisis internacional", asegura Jon Danielsson, de la London School of Economics.
    Pero volvamos a Arnar y su relato: "La banca empezó a derrochar dinero en juergas con champán y estrellas del rock; se compró o ayudó a comprar medio Oxford Street, varios clubes de fútbol de la liga inglesa, bancos en Dinamarca, empresas en toda Escandinavia: todo lo que estuviera en venta, y todo a crédito". Los ejecutivos se concedían créditos millonarios a sí mismos, a sus familiares, a sus amigos y a los políticos cercanos, a menudo, sin garantías. La Bolsa multiplicó su valor por nueve entre 2003 y 2007. Los precios de los pisos se triplicaron. "Los bancos levantaron un obsceno castillo de naipes que se lo llevó todo por delante", cuenta Arnar, que conserva su empleo, pero con la mitad de sueldo. Acaba de comprarse un barco a medias con su padre con la intención de cambiar de vida: quiere dedicarse a la pesca.
    La fábula de una isla de pescadores que se convirtió en un país de banqueros tiene moraleja: "Tal vez sea hora de volver al comienzo", reflexiona el ingeniero. "Tal vez todo ese dinero y ese talento que absorbe la banca cuando crece demasiado no solo se convierte en un foco de inestabilidad, sino que detrae recursos de otros sectores y puede llegar a ser nocivo, al impedir que una economía desarrolle todo su potencial", dice el presidente Grímsson.


    La magnitud de la catástrofe fue espectacular. La inflación se desbocó, la corona se desplomó, el paro creció a toda velocidad, el PIB ha caído el 15%, los bancos perdieron unos 100.000 millones de dólares (pasará mucho tiempo antes de que haya cifras definitivas) y los islandeses siguieron siendo ricos, más o menos: la mita de ricos que antes. ¿De quién fue la culpa? De los bancos y los banqueros, por supuesto. De sus excesos, de aquella barra libre de crédito, de su desmesurada codicia. Los bancos son el monstruo, la culpa es de ellos y, en todo caso, de los políticos, que les permitieron todo eso. OK. No hay duda. ¿Solamente de los bancos?


    "El país entero se vio atrapado en una burbuja. La banca experimentó un desarrollo repentino, algo que ahora vemos como algo estúpido e irresponsable. Pero la gente hizo algo parecido. Las reglas normales de las finanzas quedaron suspendidas y entramos en la era del todo vale: dos casas, tres casas por familia, un Range Rover, una moto de nieve. Los salarios subían, la riqueza parecía salir de la nada, las tarjetas de crédito echaban humo", explica Ásgeir Jonsson, ex economista jefe de Kaupthing. El también economista Magnus Skulasson asume que esa locura colectiva llevó a un país entero a parecer dominado por los valores de Wall Street, de la banca de inversión más especulativa. "Los islandeses hemos contribuido decisivamente a que pasara lo que pasó, por permitir que el Gobierno y la banca hicieran lo que hicieron, pero también participamos de esa combinación de codicia y estupidez. Los bancos merecen sentarse en el banquillo y nosotros nos merecemos una parte del castigo: pero solo una parte", afirma en el restaurante de un céntrico hotel.


    Una cosa salva a los islandeses, de alguna manera les redime de parte de esos pecados. En su incisivo ¡Indignaos!, Stephane Hessel describe cómo en Europa y EE UU los financieros, culpables indiscutibles de la crisis, han salvado el bache y prosiguen su vida como siempre: han vuelto los beneficios, los bonus, esas cosas. En cambio, sus víctimas no han recuperado el nivel de ingresos, ni mucho menos el empleo. "El poder del dinero nunca había sido tan grande, insolente, egoísta con todos", acusa, y, sin embargo, "los banqueros apenas han soportado las consecuencias de sus desafueros", añade en el prólogo del libro el escritor José Luis Sampedro.


    Así es: salvo tal vez en el Ártico. Islandia ha hecho un valiente intento de pedir responsabilidades. "Dejar quebrar los bancos y decirles a los acreedores que no van a cobrar todo lo que se les debe ha ayudado a mitigar algunas de las consecuencias de las locuras de sus banqueros", asegura por teléfono desde Tejas el economista James K. Galbraith.


    Contada así, la versión islandesa de la crisis tiene un toque romántico. Pero la economía es siempre más prosaica de lo que parece. Hay quien relata una historia distinta: "Simplemente, no había dinero para rescatar a los bancos: de lo contrario, el Estado los habría salvado: ¡Llegamos a pedírselo a Rusia!", critica el politólogo Eirikur Bergmann. "Fue un accidente: no queríamos, pero tuvimos que dejarlos quebrar y ahora los políticos tratan de vender esa leyenda de que Islandia ha dado otra respuesta".


    Sea como sea, la crisis ha dejado una cicatriz enorme que sigue bien visible: hay controles de capitales, un delicioso eufemismo de lo que en el hemisferio Sur (y más concretamente en Argentina) suele llamarse corralito. El paro sigue por encima del 8%, tasas desconocidas por estos lares. El desplome de la corona ha empobrecido a todo el país, excepto a las empresas exportadoras. Cuatro de cada diez hogares se endeudaron en divisas o con créditos vinculados a la inflación (parece que, por lo general, para comprar segundas residencias y coches de lujo), lo que ha dejado un agujero considerable en el bolsillo de la gente. Tras dejar quebrar el sistema bancario, el Estado lo nacionalizó y acabó inyectando montones de dinero -el equivalente a una cuarta parte del PIB- para que la banca no dejara de funcionar, y ahora empieza a reprivatizarlo: la vida, de algún modo, sigue igual.


    Todo eso ha elevado la deuda pública por encima del 100% del PIB, y para controlar el déficit tampoco los islandeses se han librado de la oleada de austeridad que recorre Europa desde el Estrecho de Gibraltar hasta la costa de Groenlandia: más impuestos y menos gasto público. Al cabo, Islandia tuvo que pedir un rescate al FMI, y el Fondo ha aplicado las recetas habituales: se han elevado el IRPF y el IVA islandeses y se han creado nuevos impuestos, y por el lado del gasto se han bajado salarios y beneficios sociales y se están cerrando escuelas; se ha reducido el Estado del bienestar. Que es lo que suele suceder cuando de repente un país es menos rico de lo que creía.


    "Hemos recorrido una década hacia atrás", cierra Bergman. Y aun así, el Gobierno y el FMI aseguran que Islandia crecerá este año un 3%: el desplome de la corona ha permitido un despegue de las exportaciones, hay sectores punteros -como el aluminio- que están teniendo una crisis muy provechosa, y, al fin y al cabo, Islandia es un país joven con un nivel educativo sobresaliente. Entre la docena de fuentes consultadas para este reportaje, sin embargo, no abunda el optimismo. Uno de los economistas más brillantes de Islandia, Gylfi Zoega, dibuja un panorama preocupante: "Los bancos aún no son operativos, los balances de las empresas están dañados, el acceso al mercado de capitales está cerrado, el Gobierno muestra una debilidad alarmante. No hay consenso sobre qué lugar deben ocupar Islandia y su economía en el mundo. Vamos a la deriva... No se engañe: ni siquiera el colapso de los bancos fue una elección; no había alternativa. Islandia no puede ser un modelo de nada".


    Hay quien duda incluso de que los banqueros den finalmente con sus huesos en la cárcel: "Los ejecutivos han sido detenidos varias veces, y después, puestos en libertad: como tantas otras veces, eso es más un jugueteo con la opinión pública que otra cosa", asegura Jon Danielsson. Hannes Guissurasson, asesor del anterior Gobierno y conocido por su férrea defensa de postulados neoliberales, incluso traza una fina línea entre el delito y algunas de las prácticas bancarias de los últimos años. "Muy pocos banqueros van a ir a la prisión, si es que va alguno: ¿qué ley vulnera la excesiva toma de riesgos?", se pregunta.


    Pero los mitos son los mitos (y un periodista debe defender su reportaje hasta el último párrafo) e Islandia deja varias lecciones fundamentales. Una: no está claro si dejar caer un banco es un acto reaccionario o libertario, pero el coste, al menos para Islandia, es sorprendentemente bajo; el PIB de Irlanda (cuyo Gobierno garantizó toda la deuda bancaria) ha caído lo mismo y sus perspectivas de recuperación son peores. Dos: tener moneda propia no es un mal negocio. En caso de apuro se devalúa y santas Pascuas; eso permite salir de la crisis con exportaciones, algo que ni Grecia ni Irlanda (ni España) pueden hacer.
    La última y definitiva enseñanza viene de la mano del grupo salvaje, a quien nadie vio venir: ni las agencias de calificación ni los auditores anticiparon los problemas (aunque lo que no descubre una buena auditoría lo destapa una buena crisis: Pricewaterhousecoopers está acusada de negligencia). Pero los problemas estaban ahí: la prueba es que la inmensa mayoría de los ejecutivos de banca están de patitas en la calle y algunos esperan juicio. Nuestro Sigurdur Einarsson, el banquero más buscado, se compró una mansión en Chelsea, uno de los barrios más exclusivos de Londres, por 12 millones de euros. La mayoría de los banqueros que tienen problemas con la justicia hicieron lo mismo durante los años del boom, y menos mal que lo hicieron: la gente les abucheaba en el teatro, les tiraba bolas de nieve en plena calle, les lanzaba piropos en los restaurantes o les dejaba ocurrentes pintadas en sus domicilios. Salieron pitando de Islandia. El caso es que Einarsson no tuvo que marcharse: vivía en su estupenda mansión londinense desde 2005. La hipoteca no era problema: Einarsson decidió alquilársela al banco mientras vivía en la casa; al fin y al cabo, un presidente es un presidente, y ese es el tipo de demostraciones de talento financiero que solo traen sorpresas en el improbable caso de que la justicia se meta por medio. Islandia parece el lugar adecuado para que sucedan cosas improbables: según las estadísticas, más de la mitad de los islandeses cree en los elfos. En el avión de vuelta se entiende mejor la publicidad del aeropuerto, sobre todo porque las fuentes consultadas descartan que, si finalmente hay condena a los banqueros, el Gobierno islandés vaya a conceder un solo indulto. Esto es Islandia: paraíso sobrenatural. ¡Vaya si lo es! -

    El 'caso Icesave' (y otras rarezas)

    El tiburón putrefacto es uno de los platos típicos de Islandia, que tiene una noche inacabable (no solo por las horas de oscuridad), una de las pocas primeras ministras del mundo (Johana Sigurdardottir, abiertamente lesbiana) y un museo de penes (y esto no es una errata). La lista de rarezas es inacabable: es más fácil entrevistar al presidente de Islandia que al alcalde de Reikiavik, Jon Gnarr, célebre por pactar solo con quienes hayan visto las cuatro temporadas de The Wire. Con la crisis, las singularidades han alcanzado incluso al siempre aburrido sector financiero: en Londres han llegado a aplicarle métodos antiterroristas.
    Landsbanki, uno de los tres grandes bancos islandeses, abrió una filial por Internet con una cuenta de ahorro a altos tipos de interés, Icesave, que hizo furor entre británicos y holandeses. Cuando las cosas empezaron a torcerse y el Gobierno británico detectó que el banco estaba repatriando capitales, le aplicó la ley antiterrorista para congelar sus fondos. Ese fue el detonante de toda la crisis: provocó la quiebra en cadena de toda la banca. Y sigue dando tremendos dolores de cabeza a Islandia.


    Holanda y Reino Unido devolvieron a sus ciudadanos el 100% de los depósitos y ahora exigen ese dinero: 4.000 millones de euros, un tercio del PIB islandés, nada menos. El Gobierno llegó a un acuerdo para que los ciudadanos pagaran en 15 años y al 5,5% de interés: la gente se organizó para echarlo abajo en un referéndum, tras el veto del presidente. Así llegó un segundo pacto, más ventajoso (tipos del 3%, a pagar en 37 años), y de nuevo la gente decidirá en abril en referéndum si paga o no por los desmanes de sus bancos. Agni Asgeirsson, ex ejecutivo que fue despedido de Kaupthing y ahora trabaja como ingeniero en Río Tinto, es tajante al respecto: "El primer acuerdo era claramente un fraude. Este es más discutible. No queremos pagar, pero eso añadiría incertidumbre legal sobre el futuro del país. Pero lo interesante es cómo ha reaccionado la gente". Ese es quizá el mayor atractivo de la respuesta islandesa: la parlamentaria y ex magistrada francesa Eva Joly (a quien se encargó el inicio de la investigación sobre la banca) asegura que lo más llamativo de Islandia es que en un país "que se consideraba a sí mismo un milagro neoliberal, y donde se había perdido gradualmente todo interés por la política, ahora la gente quiere tener su destino en sus propias manos".


    "Eso sí: la fe en los políticos y los banqueros tardará en volver, pero que mucho, mucho, tiempo", cierra el cónsul de España, Fridrik S. Kristjánsson. -